Avec ses clients, Félix discute sans problème : pour les rassurer, les féliciter, ou tout simplement leur demander comment ils vont aujourd’hui. Son métier : maréchal-ferrant.

L’homme de 28 ans, installé à La Plaine (Maine-et-Loire), a commencé son activité en 2017 et ses journées semblent bien chargées. De 8 h à 20 h, « sans pause déjeuner parfois », Félix sillonne les routes en direction d’écuries ou de particuliers pour s’occuper des pieds de leurs équidés.

Trouver fer à son sabot

Après avoir rendu visite à quelques chevaux de propriétaires, Félix se rend ce jour-là à Yzernay, à la ferme du Petit-Bout, voir deux juments, Une Fée et Harmonie. Pour les deux demoiselles, même procédure : le maréchal récupère les fers déjà posés en enlevant les clous, puis râpe le dessous du sabot, appelé la corne. « Cette étape s’appelle le parage. Pour les chevaux qui n’ont pas de fers, mon travail s’arrête là », explique l’artisan.

Par la suite, les fers, réutilisés s’ils n’ont pas été usés, sont chauffés. « Tout dépend de l’activité des chevaux. Un cheval de randonnée va user ses fers plus vite qu’un cheval de club qui marche sur du sable dans une carrière. »

La forge fait rapidement grimper la température : le métal monte jusqu’à 650 °C environ, permettant de « décrasser et réajuster le fer ensuite grâce à l’enclume »« Le pied d’un cheval bouge sans cesse, il y a toujours besoin de modifier quelque chose par rapport à la précédente ferrure », précise Félix.

Le fer, avoisinant désormais les 200 °C, peut être posé sous le sabot quelques secondes, « pour brûler les aspérités de la corne et voir si le fer va bien aller ». Un moment impressionnant pour certains chevaux, dont Une Fée, car le contact du métal brûlant avec la corne provoque une épaisse fumée.

S’il n’a pas besoin d’autres modifications, le fer est ensuite refroidi et posé avec des clous. « Les enfants me demandent souvent si ça fait mal aux chevaux, raconte Félix. Je leur explique que c’est comme nous quand on se coupe les ongles, ils ne sentent rien tant que c’est bien fait ! »

 

De la pierre au métal

Avant 2014, Félix n’exerçait pas le métier de maréchal-ferrant mais celui de tailleur de pierre. « La partie intéressante de ce travail peut aujourd’hui être faite par un ordinateur, et je voulais rester sur un métier manuel », raconte le professionnel.

Sa compagne, pratiquant l’attelage, lui parle de la maréchalerie. « Mais elle ne voulait pas que je fasse ça, car elle me disait que je ne voudrais plus voir des chevaux le week-end… Et elle avait raison ! », plaisante Félix.

En 2014, l’artisan entame un certificat d’aptitude professionnelle (CAP) de dix mois, puis enchaîne avec un brevet technique des métiers (BTM) en deux ans, le tout en alternance chez des professionnels. Félix s’installe à son compte en 2017.

 

« Il faut être ferme, sans s’énerver »

Basé à La Plaine (Maine-et-Loire), Félix se déplace toute l’année autour de chez lui : dans le Maine-et-Loire, en Deux-Sèvres et, parfois, en Vendée. Mais son planning est chargé : « J’ai environ un mois et demi de délais. Un maréchal supplémentaire dans le secteur ne ferait pas de mal, voire deux. »

Au total, lui s’occupe de 500 chevaux, dont 250 régulièrement. « Une ferrure classique se refait toutes les sept à huit semaines. Pour les chevaux de haut niveau, c’est toutes les six semaines. »

S’il ne se souvient pas de tous les noms de ses clients à quatre jambes, Félix retient leur caractère, et leurs différences. Certains, comme Une Fée, doivent être rassurés, d’autres apparaissent plus délicats. « Il n’y a pas si longtemps, je me suis pris un coup de sabot dans l’épaule et la mâchoire. On essaie que ça arrive le moins possible, mais plus on est fatigué plus il y a de risques », raconte l’artisan.

Un métier fatigant, où calme et respect de l’équidé sont les maîtres mots : « Si on s’énerve, on fait vivre une mauvaise expérience au cheval. Et ils sont comme nous, ils se souviennent plus du mauvais que du bon. Il faut être ferme, sans s’énerver. »

Pour Félix, maréchal-ferrant reste un travail essentiel, malgré les douleurs « au dos, aux épaules, aux genoux. Si le cheval n’est pas à l’aise dans ses baskets, il ne sera pas au top de sa forme ».

Car comme le dit si bien l’adage, « pas de pied, pas de cheval ».

 

Julia MAZ-LOUMIDES.


Source : Ouest France