Camille Madec a créé une société de prestation de travaux agricoles à cheval : Trait en muscadet. Avec Vainqueur, elle intervient dans les vignes pour travailler le sol.

L’image est belle. Au milieu des vignes de muscadet, encore vierges de feuilles, pas un tracteur.

Mais un cheval de trait spécialisé dans le travail du sol. Vainqueur, un Auxois de 11 ans, laboure l’interrang. Le cheval, guidé par la voix de Camille Madec, s’arrête et repart au rythme des commandes. La parcelle, en coteau, appartient à Vincent Caillé, domaine conduit en agriculture biologique et biodynamie.

Elle fait partie des premières vignes dans lesquelles Camille Madec intervient avec Vainqueur, depuis quelques semaines.

Installée au Landreau (Loire-Atlantique), la femme, âgée de 33 ans, vient de lancer une entreprise de prestation de travaux agricoles à cheval. C’est une nouvelle activité dans le pays du muscadet, vignoble très mécanisé, et le début d’une nouvelle aventure professionnelle pour Camille Madec. Après dix ans d’expérience dans une entreprise de travaux publics, la Landréenne a franchi le pas à la suite d’un bilan de compétences.

Celle qui a toujours eu envie de travailler dans l’agriculture suit un BPREA au lycée de Briacé, dans le but de s’installer en viticulture. Lors de sa formation, la Landréenne découvre le travail des chevaux dans les vignes. La découverte fait tilt. Passionnée d’équitation « à la base », la cavalière, qui a « toujours eu des chevaux », intègre l’animal dans son projet.

La Landréenne qui travaille comme salariée dans une exploitation viticole lance en parallèle sa société : « Trait en muscadet ».

Travail du sol de la vigne

Avec Vainqueur, cheval de trait de 750 kg, Camille Madec propose des chantiers de décavaillonnage, buttage, binage à raison de 14 heures de travail par hectare. Les travaux du sol suivent la vie de la vigne. Vainqueur arrive de Saint-Emilion, région viticole où le cheval de trait a travaillé. Une région bordelaise dans laquelle Camille Madec s’est aussi formée, aux côtés de Romain Guérin, pour apprendre à mener l’animal.

Après des premiers travaux au domaine des Genaudières dans une petite parcelle à fleur de coteau en bordure de Loire, la Landréenne entame sa saison de chantier depuis le mois de mars dans le muscadet. Quatre domaines font appel à ses services.

Avec Vainqueur, son partenaire de travail, Camille Madec intervient dans des parcelles pour le compte de domaines « qui cherchent à apporter encore plus de vie dans leurs vignes ». « On me confie le sol de la parcelle de A à Z. L’itinéraire technique est le même que ce qu’aurait fait le tracteur », précise Camille Madec.

Les intérêts ?

Les intérêts de la traction animale sont multiples. 

Cela fait partie d'un tout. Le cheval tasse moins le sol. Et casse souvent moins de ceps. Il peut aussi intervenir plus facilement qu'un tracteur sur des parcelles à forte pente. Ou quand il y a d'importantes pluies. Bref, c'est un soin parmi d'autres que l'on apporte. C'est aussi une manière de préserver un patrimoine animal.

 

« L’introduction du cheval dans les vignes, c’est un cheminement et une suite logique », intervient Vincent Caillé, pour qui la présence du cheval est aussi un moyen « de se faire plaisir ». 

Le vigneron en biodynamie va faire appel au tandem pour travailler le sol de vignes, situées sur de « très beaux terroirs » et qui donnent « des cuvées spécifiques ».

Vainqueur va intervenir sur un peu plus d’un hectare sur les 24 que compte le domaine Le Fay d’Homme.

L'entreprise propose des prestations de travaux de sol.

Photo (©Hebdo de Sèvre et Maine)

 

Sur cette saison, Camille Madec doit s’occuper de 5 ha sur les exploitations partenaires. La Landréenne doit acquérir un autre cheval de trait en avril pour préparer la prochaine campagne. « Cela permettra d’alterner entre les deux chevaux », dit-elle.

La prestation devrait à terme couvrir 6 à 7 ha, maximum. Au regard des 7 000 ha du pays nantais, l’activité reste marginale. Les raisons sont économiques. Le travail du sol avec le cheval a un coût élevé à l’hectare. 

« Cela représente un surcoût autour d’un euro à la bouteille », souligne Camille Madec. Prix qui nécessite que les cuvées, issues de ces parcelles, soient très bien valorisées.

Contact : camille.madec@gmail.com ou page Facebook trait en muscadet.


Source : L'hebdo de Sèvre et Maine